Je me souviens très bien de ce moment. C’était un matin froid, du genre où même les switchs semblent démarrer au ralenti. On devait monter un petit réseau pour un TP : quelques machines, un switch, un routeur, et surtout… un serveur DHCP.
Sauf qu’à ce moment-là, “DHCP”, pour moi, c’était juste une case cochée par défaut. Un truc qui faisait qu’on avait Internet sans rien configurer. Presque magique.
Mais ce jour-là, la magie n’a pas opéré.
⚠️ On branche tout… et rien ne marche.
J’étais en binôme avec un pote — appelons-le Kévin (parce qu’il s’appelait Kévin). On connecte les câbles, on allume les PC, on attend… et là :
IP : 169.254.QuelqueChose
Ping : Impossible
Accès Internet : Nope
Stress : Élevé
Je regarde l’IP et je me dis : “Tiens, c’est marrant, c’est pas une IP normale, ça…”
Et Kévin, toujours optimiste :
“T’inquiète, redémarre, ça va marcher.”
Spoiler : non.
🧠 La première claque : 169.254 = pas bon signe
C’est là que le formateur passe derrière nous et lâche calmement :
“Ah, vous avez une APIPA. C’est que votre PC a pas reçu d’IP. Le DHCP répond pas.”
Et là, c’est la première fois que j’entends le mot APIPA (automatic private internet protocol addressing). Autant dire que j’ai haussé un sourcil.
Je me tourne vers Kévin, on se regarde avec le même air de “Et donc ?”. Le formateur sourit :
“C’est Windows qui s’est dit : ‘Bon, j’ai pas eu de réponse, je me donne une adresse dans une plage spéciale, celle des APIPA (169.254.x.x), juste pour pouvoir exister localement — mais sans garantie de communication avec le réseau’.”
C’est comme si ton GPS ne trouvait pas de satellite, et te disait :
“Bon bah… marche tout droit, on verra bien.”
📨 La lumière vient… avec une métaphore
Après avoir découvert qu’on avait une “APIPA” (nouveau mot du jour), on commence à se dire que le DHCP, c’est pas juste une case à cocher.
Le formateur, toujours aussi zen, nous propose :
“Venez au tableau, je vais vous montrer comment ça marche vraiment.”
Et là, il dessine un petit bonhomme (notre PC), un serveur DHCP (représenté par un gars en costume avec une mallette), et quatre flèches. Il les nomme :
Discover, Offer, Request, Acknowledge.
Et il enchaîne :
“C’est un peu comme si ton PC entrait dans un hôtel sans réservation.”
🏨 La métaphore de l’hôtel
DHCP Discover → Le client crie dans le hall :
“Y a quelqu’un qui peut me donner une chambre ?”DHCP Offer → Le serveur répond :
“Chambre 203, dispo pour toi, avec vue sur le LAN.”DHCP Request → Le client dit :
“OK, je prends la 203, je la veux.”DHCP Acknowledge → Le serveur valide :
“C’est bon, elle est à vous, voici la clé 🔑.”
Et bien sûr, la chambre n’est pas à toi pour toujours. Elle est à louer pour un certain temps, après quoi il faut la renouveler — comme un bail temporaire.
🧠 Boum. Compréhension instantanée.
J’ai regardé Kévin, qui m’a soufflé :
“Ah ouais, c’est pas juste magique, en fait…”
Et c’est là qu’on comprend vraiment ce que fait ce fameux protocole :
Il te trouve une IP disponible.
Il te donne des infos essentielles : IP, masque, passerelle, DNS…
Et il s’occupe du renouvellement plus tard, sans même que tu t’en rendes compte.
C’est le concierge du réseau, discret mais indispensable.
🔧 Ce moment où tu crois que “ça y est, j’ai compris”… et tu casses tout
Boostés par la métaphore de l’hôtel, on retourne à notre table, confiants.
On lance le serveur DHCP, on crée un petit pool IP. On met une plage d’adresses, un masque, une passerelle.
On est bons. On est beaux. On est réseaux.
Mais devine quoi ?
Les machines n’obtiennent toujours rien.
🛑 Le piège du mauvais réseau
On avait tout bien fait… sauf un détail :
On avait mis une plage d’adresses dans un autre sous-réseau que celui des machines.
Exemple concret :
Le serveur DHCP proposait du
192.168.10.x
Nos postes étaient câblés dans un réseau
192.168.1.x
Résultat ?
Le Discover partait, le serveur répondait… mais les clients ne voyaient jamais l’offre. Comme si le concierge de l’hôtel t’appelait sur un mauvais numéro.
Et là encore, le formateur arrive, regarde le tout, et lâche un simple :
“Il faut que le serveur soit dans le même réseau, ou bien que vous mettiez un DHCP Relay Agent.”
🚦 Et le DHCP Relay ? Là, on est montés d’un niveau.
— "Un DHCP quoi ?"
Le formateur :
“C’est comme si tu avais un hôtel dans une autre ville. Tu envoies quelqu’un pour faire l’intermédiaire.”
Cette fois-ci, on devait configurer un routeur pour qu’il transmette les requêtes DHCP au bon serveur, même s’il était sur un autre réseau.
💥 Encore un moment de solitude.
💡 Mais aussi un moment de vérité.
Le DHCP Relay, c’est une option qu’on configure sur le routeur du réseau local. C’est lui qui reçoit le cri du client (‘Discover’) et le transmet au serveur DHCP, même s’il est ailleurs.
C’est ce jour-là qu’on a compris que le DHCP n’était pas juste “un bouton automatique”…
C’était une véritable discussion réseau, avec ses règles, ses domaines, et ses pièges.
✅ Le ping passe… et je comprends enfin
Après mille essais, reconfigurations, reboots, câbles échangés et noms d’oiseaux chuchotés (ou pas), le ping passe.
Un simple ping 192.168.10.2
Et là…
🎉 Réponse.C’est fou ce que quatre petites lignes en terminal peuvent déclencher comme émotion.
C’était pas juste un ping.
C’était un “bravo”.
Un “tu y es arrivé”.
Un “le DHCP fonctionne”.
🧠 Le vrai déclic
Ce jour-là, j’ai compris ce qu’était un bon réseau.
Et j’ai compris qu’un PC ne devine jamais tout seul :
quelle IP il doit avoir,
quelle passerelle utiliser,
vers où envoyer ses requêtes DNS…
Quelqu’un doit lui donner ces infos.
Et ce quelqu’un, c’est le DHCP.
Gentil, discret, essentiel.
📌 Et les leçons gravées à vie ?
🔍 Toujours vérifier la plage IP du pool.
🧭 Toujours vérifier que le serveur est dans le bon réseau, ou bien configurer un DHCP Relay.
📡 Comprendre que sans DHCP, tout le réseau tombe dans le flou.
💡 Et que même quand tu bosses sur des VLANs, du Wi-Fi ou du cloud… le DHCP est toujours là, en coulisses.
🎤 Conclusion
Depuis ce TP, à chaque fois que je vois un 169.254.x.x
, je souris.
Pas parce que c’est drôle — mais parce que je sais exactement ce que ça veut dire.
Et quand je configure un serveur DHCP aujourd’hui, je ne pense plus à “automatiser l’adressage”.
Je pense à un hôtel. À un hall d’accueil.
À un PC qui dit :
“J’ai besoin d’une chambre pour parler au reste du réseau.”
Et à un serveur, quelque part, qui répond :
“Bienvenue. Voici votre clé.” 🔑
Ce jour-là, j’ai compris que derrière chaque technologie, il y a une histoire à vivre. Et que parfois, il suffit d’une erreur bien réelle pour une compréhension durable.
👉 Et si tu veux revivre un autre moment de révélation réseau, je t’invite à lire aussi :
🌐 “Quand j’ai compris ce qu’est le NAT”
Un autre déclic, une autre galère… et une nouvelle métaphore que tu n’oublieras pas.